2015-2020
La couleur nage dans la forme. Le bleu vole dans le vert. Je ne connais pas de couleur qui n'aime pas Armand Scholtès. Pas de forme non plus. Toutes s’invitent, en ses yeux d'abord, ses mains ensuite, et c’est alors qu’il nous les restitue.
Pourquoi ces assemblages de formes et de couleurs nous touchent-ils ? Quelle est l’origine, et le sens, de l’émoi ainsi provoqué ? À chaque pas un nouveau sursaut, un contraste inédit, une complexion inouïe, un apparaître invu. Plein cadre, par-dessus leurs cadres, formes et couleurs, dressées sur la pointe des pieds, nous regardent, nous fascinent, nous façonnent. À votre prochain passage, faussement flâneur, un certain bleu vous adoptera, un orange en feu vous embrasera. Tout ce que nous croyons voir, tout ce que nous stabilisons par l'acte de vue, n’est qu’illusion. Armand Scholtès nous montre (doucement, Ô doucement), comme sans y toucher, que tout flue dans un devenir perpétuel, qu'il n'y a de répétition que fourmillant de différences qui font de chaque état saisi en un regard, un état nouveau et irréductible au précédent ou au suivant. Armand Scholtès est le fils préféré d’Héraclite, son œuvre nous montre et nous dit que l’Être est devenir, qu’il n'y a répétition que de la différence.
Charlie Galibert (extrait du Poème du monde)