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Musée de la Cour d'Or à Metz

2014 

- Quand l’Etre se donne à voir…

 

Il n’est d’évidence que dans l’éblouissement de la banalité : renonce aux images faciles, toi qui entre ici, à la bêtise rétinienne dépréciée par Duchamp ! Armand Scholtès est un peintre de l’en-dessous, de l’avant, de l’origine. Un mineur de la profondeur perceptive

 

Voyage dans la Grande Nature

 

Armand Scholtès est un explorateur de la nature – entendue comme inscription de l’espace et du temps, forme a priori de la sensibilité, d’une mémoire longue, à peine conservée dans l’enfance, l’émotion, les saisons, les odeurs... Nature entendue comme ce qui a en soi son principe de développement, Phusis d’Hippocrate, principe interne de devenir de la totalité, chez Aristote.

 

Il y a chez Armand Scholtès, à chaque fois, cette aventure qui permet, au détour d’un sentier, au cœur d’une forêt, en montagne (…) de « presser le ciel et la terre sur son cœur », de « se marier à ce bout de tout » K.P. Moritz) - cette sensation de la beauté de la Grande Nature qui nous prend dans notre être même, nous emporte.

 

Cette œuvre est proche de la béatitude Spinozienne : tout ce qui doit exister existe et il n’y a pas à chercher une quelconque perfection au-delà de la réalité elle-même. Ni dans l’espace (d’où la nécessité d’en faire le relevé interminable), ni dans le temps (l'éternité n'est pas cette échappée belle que les religions promettent à l'âme, mais le mode propre d'existence de l’âme qui coïncide avec la substance de la nature). L’éternité est ici et maintenant. Juste derrière le voile, en-dessous, en-deçà, au-delà).

 

Donc : Armand Scholtès est un explorateur. Un quêteur de l’au-delà perceptif, de la poïesis naturante : formes, fond, couleurs. De ses voyages de l’Autre Côté, il ramène des détails, des morceaux, des traces - indices de l’infinité de l’Etre. Et cela fait perception, sensation, esthétique, sans qu’il s’en préoccupe, sans que cela relève de son ambition, sa volonté, voire son désir. Voici une œuvre qui n’a pas (besoin) d’auteur. Comme en son temps Klein, l’artiste est là pour capter la beauté et la transmettre ; il ne crée rien. L’artiste n’est jamais à proprement parler l’auteur d’une œuvre puisque la beauté existe déjà à l’état plus ou moins invisible – c’est la nature qui EST. La tâche de l’artiste consiste à rendre visible la réalité invisible. Un retour à l’Etre.

 

Charlie Galibert (Extrait du Codex Scholtensis)

EXP_IND_2014_Musée de la Cour d'Or à M
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